Chrétiens en liberté pour d'autres visages d'Église

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Le 11 novembre à Lyon, sous l'égide des « Réseaux des Parvis » qui regroupent au plan national plus de 50 associations (sans comper près d'une vingtaine de collectifs divers) nous avons eu droit en ouverture à deux interventions remarquables, face à un public d'environ 500 participants venant de toute la France (et de Belgique, de Suisse, du Canada et d'Italie). Dans le contexte du thème proposé : « Le temps est venu de montrer l'actualité de l'Evangile pour le monde d'aujourd'hui ».

La première intervention fut celle de Lytta Basset, théologienne protestante, professeure à la faculté de théologie de Neufchâtel en Suisse, sous le titre : « Dieu dans les quêtes spirituelles contemporaines ». Sans entrer dans les développements qui paraîtront ultérieurement, ni mentionner les questions suscitées dans l'auditoire, nous nous en tenons seulement dans ce bref rapport à l'ossature essentielle du texte :
1. Un relevé de refus
2. Des représentations stériles de Dieu
3. Qui est Dieu ?

A. Un relevé de refus

Refus du « blabla » religieux convenu
Refus de l'argument d'autorité
Refus de l'incohérence dans les propos
Refus du dogmatiqme ecclésiale
Refus d'une « supériorité du croire » face à celui qui ne partage pas notre foi (mais être crédible, oui !)
Refus de valoriser Dieu au détriment de l'humain : « La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant ».

B. Un relevé de quelques représentations stériles de Dieu

Le Dieu coupable de ce qui arrive... alors je l'accuse
Le Dieu pervers, allant jusqu'à provoquer au mal... alors je lui en veux
Le Dieu surveillant de nos conduties... je le rejette
Le Dieu contradictoire : à la fois tu me crées et tu me rejettes !
Le Dieu indifférent : tu m'abandonnes et je ne peux compter sur toi (« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », Ps. 22)
Le Dieu impuissant alors que la liturgie célèbre sa toute-puissance (dans la Bible, El Shaddaï)

C. Une approche de « Qui est Dieu ? »

Essentiellement « le Vivant », plus que le « Tout Autre »
Pour Jésus, Dieu est « Mon Père », il est fils, c'est son expérience de Dieu et non une doctrine. C'est aussi la nôtre
La perception d'un « Souffle divin », qui vit, bouge et intervient (Exode 3,12-15) en vue d'une libération collective
Le passage par la souffrance, Dieu perçu à partir de ce qui fait mal mais laisse toujours vivant face aux autres. Jésus meurt en croix : c'est alors que le soldat incroyant discerne Dieu en lui : « Il est vraiment le Fils de Dieu »
Dieu affecté de ce qui nous arrive, dans une présence discrète, ma    ternelle
Dieu bienveillant : Dieu me veut fondamentalement du bien. C'est ce que dit le combat de Jacob, sa lutte avec Dieu : « Je ne te lâcherai pas avant que tu m'aies béni ». A la fin je me sentirai béni. Dieu est la bienveillance primordiale sur l'être humain.

Le second conférencier fut Gabriel Ringlet, prêtre, journaliste, professeur à l'Institut de journalisme de l'Université de Louvain-la-Neuve en Belgique et ancien vice-recteur de cette université. Son propos est encore plus difficile à retranscrire que le premier. Mais il décoiffa totalement les auditeurs !

A. Sa première partie fit référence successivement à trois figures d'artistes, une pianiste, un poète et une actrice de cinéma. La grande tente sous laquelle nous étions s'enfla alors de quelques phrases-chocs, citations de ces artistes ou forgées par lui-même.

Si Dieu existe, il ne peut être que le plus grand romancier du monde
Aujourd'hui, il devient urgent d'illuminer la pesanteur
Il faut se référer à l'art, car l'art tutoie l'âme
Le religieux est dévoyé, il faut y mettre de la poèsie
Jouir est un acte mystique
On peut vivre du spirituel au cœur du tournage d'un film

Il se réfère, pour chacune de ces citations, à son expérience vécue d'un travail ponctuel avec leurs auteurs.

B. La deuxième partie s'articule sur trois verbes : sculpter, transfigurer, célébrer, pour nous convaincre que l'on peut bel et bien trouver une spiritualité chez un ou une athée.

Sculpter. « Si le sculpteur, tellement habité par son art de tailler la pierre, devient ce qu'il sculpte, le prieur peut-il devenir Celui qu'il prie ? » « Rompre avec l'idolâtrie, c'est vouloir mettre l'homme debout, en en dégrossissant la pierre, avec ou sans Dieu ».
Transfigurer. Partant de la scène évangélique de la transfiguration de Jésus : « Peut-il y avoir un au-delà le Passion et de la mort ? » « Encore faut-il d'abord redescendre dans la plaine » « Aujourd'hui, il y a urgence à transfigurer, à partir de notre quotidien »
Célébrer. « Pour donner corps à tout ce spirituel, d'où qu'il vienne » (référence au vécu qu'il a partagé avec des Francs-Maçons. Accueillir les initiatives dans la perspective d'une célébration ouverte au vécu ici et maintenant, ce qu'il tente de faire dans les célébrations qui ont lieu au prieuré dans lequel il réside.

C. Conclusion. Erasme a été par excellence le « Libre penseur » dans l'histoire de notre Eglise et il reste son modèle, à lui,  Gabriel Ringlet, dans la démarche qui lui a fait écrire l'Evangile d'un libre penseur. Car « Plus il sait, plus il cherche, et plus il cherche, plus il trouve ».

Une remontée de questions posées sur papier suivit ces deux exposés magistraux, très nombreuses à remonter à la table du quatuor de présidence. Entre autres, sur ce qui restait de notre foi, vécue jusqu'à présent d'une manière un peu « primaire ». Mais ne fut-elle pas celle qui nous fut transmise ? Tout cela se passa dans un climat décontracté, sans agressivité, somme toute positif et chaleureux.
*
Si ces notes vous donnent envie d'avoir les textes « officiels » (1) qui paraîtront dans les mois à venir, adressez-vous à Louis Blanc. Il se fera une joie de vous les transmettre, sans doute avec d'autres apports car ce mini-congrès s'est étalé sur deux jours.
Note de Louis Blanc. Nous étions trois à nous y retrouver, dans cette mouvance ecclésiale, de nos connaissance maristes : Michel Pascal, Dominique Vignon et moi-même, sauf erreur de ma part, mais il y en a peut-être eu d'autres (2), nos chemins ne s'étant pas croisés ? Michel et moi avons seulement regretté de ne pouvoir nous y rendre le lendemain 12. Dommage, car il y avait des choses très intéressantes inscrites au programme, dont une table-ronde et une déclaration finale à lire lors d'un rassemblement sur le parvis de Fourvière (3). Apparemment le diocèse de Lyon a plutôt brillé par son absence (4), du moins quant à son clergé. Il est clair que nulle annonce n'avait été faite dans le magazine Église à Lyon, ni même aucune allusion dans la presse locale (5). Dommage ! Mais « Nous sommes aussi l' Église » (6). Amicalement,

Louis Blanc

*

Je vous transmets donc la lettre de Louis Blanc après l'avoir mise sous forme communicable par informatique. J'ai bon espoir qu'elle constitue un premier élément de notre site, dont le nom est réservé mais que je n'ai pas eu la patience de mettre en place plus tôt. Puisque tous les documents préparatoires au rassemblement du Parvis ont été transmis sous forme informatique, je vais m'efforcer de les y mettre aussi, avec un lien vers le site des Réseaux du Parvis... J'ai jeté sur le clavier quelques impressions personnelles qui complètent les comptes-rendus éclairants de Louis Blanc. Mais je pars pour une découverte de la Palestine dans trois jours et ne sais ce qu'il en sera d'ici là.
Quelques notes, à partir du texte de Louis Blanc :

1. Les actes du rassemblement des réseaux du Parvis feront l'objet d'un Hors série de la Revue du Parvis, dans une coédition (le fait est remarquable) entre Golias (Christian Terras assurant la transcription des textes produits), Temps Présent, éditeur de la revue du Parvis et Témoignage Chrétien.

2. J'y étais, en lien avec la CCC de Paris, qui en était partie-prenante au titre de la coordination des communautés chrétiennes de base françaises (CCCBF), membre de la fédération du Parvis. Il y avait une petite demi-douzaine de membres de la CCC (j'ai vu les Séguier, les Gély, Anne Grannec...), plus la quasi-totalité de la communauté de l'Archet à Bondy, communauté de base qui collabore de près avec la CCC, plus Michel Lebonnois, qui assure la communication des CCCBF et qui relaie à ses correspondants sur Internet beaucoup d'informations intéressantes... J'ai ainsi fait sa connaissance en chair et en os, après avoir lu ses courriers pendant des années. Beaucoup d'autres avaient voulu venir mais malgré un élargissement de dernière minute à 500 participants (d'où les assemblées sous chapiteau), de nombreuses demandes d'inscription ont dû être refusées... C'est le cas de Marc, n'est-ce pas. Plusieurs membres de la CCC, dont Gilles Renaudin, ont été dans le même cas.

3. C'est le nombre des participants et la difficulté qui en résultait pour leur déplacement de la maison Saint-Joseph de Francheville à Fourvière qui a fait renoncer à ce geste spectaculaire. Il y a bien eu une déclaration d'espérance, proclamée au terme du rassemblement mais elle a été lue sous le chapiteau. En contrepartie, l'importance du nombre des participants a fait que Didier Vanhoutte, rédacteur en chef de le Revue du Parvis, a bénéficié d'une interview sur FR 3 Lyon... Je ne l'ai pas vue et ne sais pas quand elle est passée.

4. La présidente des Réseaux du Parvis, Cécile Entremont, avait informé le cardinal Barbarin, dès le mois d'août, de la tenue du rassemblement, dans son diocèse et qui plus est, sur un domaine appartenant à l'Église de Lyon. Elle a obtenu en réponse une lettre affable d'une page, qu'elle a eu l'humour de joindre, dans le dossier remis aux participants, à un lettre d'une toute autre tonalité, envoyée par Hans Küng au titre de sa participation au comité de parrainage de l'événement. Elle a été la principale cheville ouvrière du rassemblement et l'a présidé avec tact, bonne humeur et fermeté pendant les deux jours (plus celui de l'AG de la Fédération le 13), lui donnant par rapport à l'Eglise instituée une position d'ouverture et d'affirmation tranquille de soi, sans acrimonie ni amertume, mais sans renier en rien les attitudes critiques qui caractérisent la plupart des organisations du Réseau.

5. Je n'ai effectivement rien vu dans la lettre informatique hebdomadaire du diocèse de Lyon, pas plus que dans celle de Saint-Etienne. Il faut dire que la figure de Christian Terras est l'objet de tant de préventions dans les cercles ecclésiastiques régionaux que sa participation a dû suffire à geler d'éventuelles velléités de communication. Par contre on a su que La Croix en avait parlé (je n'ai pas recherché l'article mais ce serait intéressant de le faire). Quant aux rapports avec l'hebdomadaire La Vie, que l'on aurait pu a priori supposer plus sympathique à l'initiative du Réseau, ils constituent un roman feuilleton plutôt désagréable dont Cécile Entremont a donné un aperçu lors de l'AG du 13...

6. Pour reprendre l'intitulé d'une association présente au rassemblement, qui l'a emprunté au mouvement « Wir sind Kirche ». Celui-ci a pris de l'ampleur dans les pays germaniques, et l'un de ses thèmes, évoqué à Lyon, est la tenue d'un nouveau Concile, destiné à reprendre, à pousser plus loin les avancées de Vatican II.

 Amitiés à tous, jbj.